La notion d'harmonie

Au delà de ces considérations, note le Maître Pham Xuan Tong, ce qu'il est important de se souvenir, c'est que c'est le plus petit chiffre qui est le plus fort, le Un. Il représente le Tout et domine sur le physique. Donc, dans le principe du Qwan-Ki-Do comme dans beaucoup d'arts martiaux vietnamiens, c'est l'harmonie entre la force et la souplesse qui prime. En vietnamien, cela s'appelle Am Duong Tuong Thoi. Mais, dit le maître, nous n'utilisons le principe de la force que lorsque notre esprit le juge nécessaire. Le reste du temps, nous misons exclusivement sur la souplesse. Car, pour reprendre une image chère à Lao Tseu, le philosophe chinois, la langue est molle, on la conserve jusqu'à la mort, alors que les dents, elles, s'effritent à l'usage et toment... Mais dire que la souplesse prime sur la force ne revient pas à dire que la souplesse est meilleure que la force. La souplesse permet de propulser la force, ce qui équivaut à agir par le non-agir. En d'autres termes, donner des coups est une chose, en recevoir en est une autre, étant donné que recevoir ne fait de plaisir à personne (en principe!). Par conséquent, estime Pham Xuan Tong, moins on donne de coups et moins on en recevra. Dans la pratique du Qwan-Ki-Do, l'harmonie des gestes, la puissance de la frappe et la technicité doivent amener l'adepte vers un raisonnement pacifique. La compétition est conçue comme permettant au pratiquant d'exprimer des connaissances loyalement, selon une réglementation adéquate qui vise la formation de l'homme vrai et non pas seulement de l'homme fort. L'épreuve a par conséquent valeur de test, un moment de vérité qui permet de comprendre le plaisir de l'harmonie gestuelle en se défoulant. Mais la compétition, dit maître Pham, n'est qu'une partie de l'École Qwan-ki. D'ailleurs, il n'existe pas de compétition individuelle. Au travers de la compétition par équipes, le participant est censé retrouver le sens de la vie communautaire. C'est également un moyen d'éviter la " championite " qui détruit l'esprit de la pratique. Le but de tout cela étant de faire prévaloir les valeurs de reconnaissance et de mérite, valeurs qui, estime maître Pham, tendent malheureusement à disparaître actuellement...